• En mars 2016, une consultation publique était ouverte à propos de la demande d’enregistrement, par la EARL Deshayes, d’une usine de méthanisation au lieu-dit La Gennetiere, sur la commune de Pouvrai. Un baptême du feu pour PAE, dont c’est le tout premier dossier concernant la méthanisation. Cela aurait pu se fêter, si la conclusion n’était si mitigée.

     Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie) : «  la méthanisation est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène (réaction en milieu anaérobie, contrairement au compostage qui est une réaction aérobie). Cette dégradation aboutit a la production :

    - d’un produit humide riche en matière organique partiellement stabilisée appelé digestat. Il est généralement envisage le retour au sol du digestat après éventuellement une phase de maturation par compostage ;

    - de biogaz, mélange gazeux sature en eau a la sortie du digesteur et compose d’environ 50% a 70% de methane (CH4), de 20% a 50% de gaz carbonique (CO2) et de quelques gaz traces (NH3, N2, H2S). Cette énergie renouvelable peut être utilisée sous différentes formes : combustion pour la production d’électricité et de chaleur »

    En tant que telle, la méthanisation est plutôt une bonne nouvelle, l’arrivée d’une énergie renouvelable basée sur le recyclage de matière organique. Ce n’est pas un processus mauvais en soi, bien au contraire, mais qui nécessite, ainsi que le précise l’Ademe, d’être strictement encadré.

    Le projet de Pouvrai, en apparence solidement ficelé, a cependant fait tiquer les habitants : l’unité  de méthanisation traitera  des  déjections  animales  et  des produits  végétaux  à  raison  de 17 745 t/an,  soit 48,6 t/j. C’est énorme pour une si petite commune de 116 habitants, et cela ressemblera à une véritable usine avec d’énormes silos, une torchère de 12 mètres, des hangars, etc. Et qui dit usine, dit trafic, camions, nouvelles infrastructures, pollution visuelle et sonore…

     Le rapport de PAE

    Alarmée, les habitants ont réclamé une réunion d’information, qui leur a été refusée. Ils ne se sont pas découragés pour autant, et ont sollicité le soutien de PAE.

    Notre association s’est donc penchée sur ce dossier, le premier du genre qu’elle ait eu à traiter ! Autant dire que PAE n’avait strictement aucun à-priori sur le sujet de la méthanisation. Nous avons traité le dossier le plus objectivement possible, en se basant sur les documents et recommandations de FNE (France Nature Environnement, la fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement). Nous avons aussi consulté des professionnels, spécialisés dans la méthanisation agricole. 

    Après examen minutieux de la demande d’enregistrement de l’EARL Deshayes, PAE n'a pas donné un avis favorable : « Le dossier déposé est bien trop laconique et ne répond pas aux nombreuses questions importantes énoncées précédemment, c'est pourquoi nous exigeons un complément à ce dossier qui doit être en mesure d'apporter des réponses précises à nos questions ».

    La demande n’était par exemple assortie d’aucune étude d’impact sur la qualité de l’air – pollution par l’azote ammoniacal, par les poussières, etc. -, ne donnait aucune précision sur les financements (l’entreprise aura-t-elle les reins assez solides ?), restait floue sur l’origine des matières premières, etc.

    Unité de méthanisation ou… future usine ?

    L’une des grandes questions que pose ce site est : restera-t-il à vocation agricole ? Se contentera-t-il du recyclage de déchets agricoles ou s’ouvrira-t-il aussi  aux déchets industriels et ménagers ? La taille de l’unité prévue est si  ambitieuse que nous sommes tout à fait en droit, avec les habitants de la commune, de nous poser la question. Le gérant, Pierre Deshayes, affirme ainsi que « la chaleur produite par le processus de méthanisation  sera  valorisée  au  travers  d’un  bâtiment  de  séchage (bois,  grains) (…) également valorisée pour le chauffage du bâtiment d’élevage et de la maison de l’exploitant ». Sauf que la quantité de chaleur produite sera très largement supérieure à l’usage prévu ! Enfin, il n’est pas exclu que l’EARL Deshayes ait recours à des cultures dédiées pour alimenter son méthaniseur. Des terres jusque là agricoles, des prairies, finiront-elles dédiées à la culture de matière première pour la méthanisation, tel le miscanthus par exemple ?

    En juin, la préfecture donne son feu vert. Certaines doléances des habitants ont été prises en compte : obligation est faite pour l’EARL Deshayes d’intégrer soigneusement son installation dans le paysage en la soustrayant aux regards par une haie ; obligation aussi de ne faire circuler ses camions, engins et moteurs divers qu’en période diurne hors week end, et de ne pas répandre son digestat, le résidu de la méthanisation, ailleurs que sur les parcelles prévues, ce qui limite les risques d’une pollution à l’azote. En revanche, l’EARL n’a pas d’obligation d’effectuer un audit des risques de pollutions de l’air, l’un des éléments qui préoccupait PAE. A charge des habitants de l’effectuer... De même, la commission de suivi réclamée par PAE pour obliger l’exploitant à rester dans un cadre agricole n’a pas eu de suite. Pour l’instant, tout repose sur la bonne foi et la bonne volonté de Mr Deshayes…

     

    Documents :

    Demande d'enregistremant de l'EARL Deshayes

    - L’avis de PAE 

    - Arrêté préfectoral de l’enregistrement

     

     

     

     


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  • « De la terre à la vie » : que voila un beau titre pour une ambitieuse exposition, consacrée à ces agriculteurs percherons qui ont fait le grand saut vers le biologique. Elle se tiendra du 14 juillet au 18 septembre à l’Ecomusée du Perche, et présentera toute une série de portraits d’agriculteurs, signés du talentueux photographe du Perche David Commenchal, ainsi que des films et des photographies témoignant de leur parcours : comment en sont-ils venus à produire viande, fruits, légumes et céréales bios, pourquoi ce choix, comment le vivent-ils ? Une exposition solidement ancrée dans l’actualité et le terroir percheron, à laquelle d’ailleurs participe l’ethnologue Alexandra Céalis, dont nous avons publié un compte rendu des remarquables travaux sur les agriculteurs du Perche (voir ICI).

    Une exposition que PAE ne peut que soutenir, d’autant que notre association va creuser un peu plus profondément ce sillon, contribuer à la réflexion sur l’avenir agricole du territoire en organisant, le 15 octobre à la salle des fêtes de Préaux du Perche, une conférence-débat dont l’invité n’est autre que l’ingénieur agronome et enseignant-chercheur français Marc Dufumier, directeur de la chaire d'agriculture comparée à AgroParisTech, ardent défenseur d’une agriculture aussi respectueuse de l’environnement naturel que social. Un événement à ne pas manquer, et sur lequel nous reviendrons !

     

    Contact : Ecomusée du Perche - www.ecomuseeduperche.fr -


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