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    Non, et c’est bien normal. En effet, c’est un herbicide utilisé d’octobre à mars depuis 3 ans par les « céréaliers » et les « patatiers ». Il remplace l’« isoproturon » interdit depuis 2017. Un article paru dans Médiapart, daté du 30-07-2019, de Solenne Durox, permet de faire le point sur cette molécule très volatile, de plus en plus utilisée à l’automne : les ventes ont été multipliées par 4 de 2011 à 2017. La dangerosité de ce pesticide est au moins aussi préoccupante que le glyphosate de par sa volatilité : on peut en retrouver à plus de 3 km à la ronde de son lieu d’épandage.

     

    La grande volatilité du prosulfocarbe l’a fait se déployer largement au-delà des limites attendues et a contaminé, entre autres, de nombreuses cultures bio. Malgré des haies conséquentes, le produit s’envole jusqu’à 3 km, et plus, de sa zone d’épandage. Les productions de pommes bio peuvent être déclassées ou aussi rendues impropres à la consommation. Ce ne sont pas seulement les producteurs qui sont touchés, mais n’importe quel habitant qui fait pousser dans son espace de verdure des arbres fruitiers, un jardin potager. Il ne suffit pas de laver ou éplucher ses fruits et légumes, ils sont contaminés dans la masse !! D’ailleurs que penser du lait récolté de vaches qui broutent si paisiblement une herbe aussi polluée ?

     

    Ces effets ont été mis en évidence en 2016, lors de contrôles inopinés par l’entreprise VERITAS (organisme certificateur officiel). Les résultats ont révélé la présence de prosulfocarbe. Les récoltes de pommes biologiques ne peuvent être vendues et la certification bio est suspendue. L’IFPC (Institut Français des Producteurs Cidricoles) lance une étude sur l’ensemble du territoire français, à l’automne 2017 : 60 producteurs de pommes à cidre (dont 50 % en bio) acceptent de faire analyser leurs pommes. « 76 % des lots testés contiennent du prosulfocarbe de manière quantifiable et dépassent même la quantité maximale de résidus ».

     

    En 2018, la situation reste préoccupante ; sur 33 analyses de vergers à cidre (bio ou conventionnel) effectuées dans la zone grand ouest de la France, 69 % des lots étaient positifs au prosulfocarbe dont 18 % jugés non commercialisables. Vus les résultats de contamination, l’ANSES (Agence National de SEcurité Sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail) a modifié les conditions d’utilisation du prosulfocarbe :

    - maintien de l’obligation d’utiliser un dispositif homologué pour limiter la dérive de pulvérisation, pour les applications d’automne, afin de limiter la contamination des cultures non cibles,

    - pour les cultures non cibles situées à moins de 500 m de la parcelle traitée, ne pas appliquer de produits avant la récolte de ces cultures,

    - pour les cultures situées entre 500 m et 1 km de la parcelle traitée, ne pas appliquer de produit avant la récolte de ces cultures ou en cas d’impossibilité, n’intervenir que le matin avant 9 h ou le soir après 18 h (en condition de température faible et d’hygrométrie élevée).

    Ces dispositions entrent en vigueur le 4 octobre 2018.

     

    Dans le cas où les cultures non cibles ne seraient pas récoltées avant la date limite d’application du prosulfocarbe, il convient de revoir sa stratégie de désherbage en appliquant un programme de désherbage sans prosulfocarbe.

     

    Pour la saison d’automne 2019, l’ANSES ne s’est pas encore prononcée.

     

    En juin 2019, le député du Morbihan, Hervé Pellois, demande à la direction de l’ANSES de restreindre l’usage de cet herbicide. D’autres élus bretons comme Christine Prunaud, sénatrice des Côtes d’Armor, Jean-Charles Larsonneur, député du Finistère ont saisi le gouvernement sur la dangerosité du prosulfocarbe et le sénateur Joël Labbé, en question au gouvernement, publiée le 28-07-2019 demande une suspension de l’autorisation de mise sur le marché du prosulfocarbe.

     

    Les producteurs de la filière cidricole suggèrent l’interdiction de l’utilisation de produits à base de prosulfocarbe pendant les récoltes de fruits à cidre, c’est-à-dire du 1er septembre au 31 décembre de chaque année.

     

    Fin janvier 2019, une dizaine de députés ont interpellé le ministre de l’agriculture sur la contamination aérienne par le prosulfocarbe qui peut aller sur toutes les cultures, tant chez les professionnels que chez les particuliers.

     

    Des chercheurs de l’INRA (Institut National de Recherche en Agriculture) ont mis en évidence l’effet cocktail de différentes molécules. Leurs études montrent qu’une exposition orale chronique à plusieurs pesticides, même à faible dose entraîne des perturbations métaboliques.

     

    Dans notre région du Perche, il est produit, par les professionnels, environ 200 000 bouteilles de cidre par an et 250 000 litres de jus de pommes destinés en grande partie à la consommation des enfants. De plus, les particuliers du Perche ont l’opportunité de transformer en jus leurs propres pommes grâce à l’association la « Reinette Verte ». Ce qui représente 100 000 litres de jus pour la consommation familiale.

     

    Particuliers, consommateurs, jardiniers, membres d’associations pour la protection de l’environnement, nous nous questionnons sur la contamination de nos vergers, de nos jardins, de l’herbe que broutent les vaches, de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons.

     

    Nous espérons que l’ANSES prenne des décisions conformes au respect de la santé publique. Un pesticide peut en cacher tellement d’autres….

     

    Annexes

    Cultures non cibles : fruitières (pommes, poires), légumières (mâche, cresson des fontaines, épinard, roquettes, jeunes pousses), aromatiques (cerfeuil, coriandre, livèche, menthe, persil, thym), médicinales (artichaut, bardane, piloselle, cardon, chicorée, mélisse, radis noir, sauge officinale).

     

    Produits à base de prosulfocarbe : arcade, auros, boiler 800 ec, daiko, datamar, defi, defi major, fidox 800 ec, filon ev, minarix, roxy 800 ec, spow, spow major.

     

    Sources :

    Message réglementaire de l’ANSES du 04-10- 2018.

    Articles de Médiapart du 30-07-2019

    Article de Médiapart du 30-07-2019

     

    Vous êtes invités à une conférence de presse au sujet des désherbants à base de prosulfocarbe. Cette molécule étant très volatile, tout le monde est concerné.

     

    Vous êtes attendus au verger du Boistier à Préaux du Perche (61340) le 16 septembre prochain à 14h30.

     

    Cordialement.

     

    Un collectif informel : producteurs de cidre et de jus de pommes, particuliers et professionnels, des consommateurs inquiets, l’association Perche Avenir Environnement.

     

     


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  • Le jeudi 4 avril à 20 h 30, rendez-vous au cinéma Saint Louis à Theil sur Huisne pour la projection du film « Nos vaches et nous » organisée par l’association Perche Avenir Environnement. L’événement, qui s’inscrit dans le cadre de la semaine aux alternatives aux pesticides, sera suivi d’une conférence-débat avec monsieur Michel Ragot, administrateur de Biolait, l’organisation qui a produit le film.

     

    L’élevage fait aujourd’hui l’objet de nombreuses critiques liées à l’impact environnemental : accusé de contribuer à l’effet de serre et donc au réchauffement climatique à cause du méthane produit en grande quantité par les herbivores, il consomme aussi trop de ressources en eau et, de façon indirecte, constitue un péril pour la biodiversité en « annexant » de grandes surfaces de terre. Pourtant, que deviendrait nos paysages sans les vaches ? Les prairies et les haies, viviers de la biodiversité, risqueraient de disparaître avec nos braves ruminants, laissant la place à des monocultures écologiquement ruineuses. Les herbivores interagissent aussi avec les sols et contribuent au stockage de carbone et à la fertilité des sols. Peut-on réconcilier vaches et environnement ? Tel est le sujet du film en deux épisodes qui sera projeté jeudi 4 avril. Le premier, « Se comprendre pour s’élever », est un plaidoyer en faveur d’une relation homme/animal basée sur le respect, la bienveillance et la confiance. Le second épisode, « Et si l’élevage bio pouvait sauver la planète », expose les avantages d’un élevage écologiquement responsable. Le film s’appuie sur le vécu et le témoignage d’éleveuses et d’éleveurs affiliés à Biolait, une organisation économique et solidaire initiée en 1994 par 6 producteurs de lait bio du Morbihan et de Loire Atlantique, qui compte aujourd’hui 1200 fermes adhérentes partout en France et dont l’objectif est : «Bio partout et pour tous ! ». La projection sera suivie d’un débat avec monsieur Michel Ragot, administrateur de Biolait.

     

    Venez nombreux !

     


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  • L’ouverture, le 7 janvier dernier, d’une enquête publique à propos de la demande d’autorisation environnementale de la ferme éolienne de Saint-Cosme-en-Vairais, dans le département de la Sarthe, a suscité un certain nombre de réactions auprès des voisins ornais du site. Devant ces réactions, où l’inquiétude domine, notamment à cause de l’éventuel impact négatif que les quatre éoliennes prévues auront sur le paysage et le tourisme local, Perche Avenir Environnement fait part de sa position.

     

     

     

     

    Tout d’abord, nous déplorons l’absence de l’avis de l’Autorité Environnementale. En effet, l’Autorité Environnementale apporte dans ce type de dossier un avis indépendant, critique et synthétique. Cet avis, quand il existe, aide à la compréhension du dossier. Sans remettre en cause la qualité de celui-ci, force est de constater qu’il est très complexe, volumineux, et bien difficile à étudier même pour des associations comme la nôtre. L’intervention de l’Autorité Environnementale aurait ainsi permis au public de donner un avis plus éclairé. De même, nous émettons une réserve en ce qui  concerne son implantation, en zone humide, et ses implications par rapport à la loi sur l’eau.

     

    Pour ce qui est de l’impact sur le paysage, nous sommes bien conscients que sur notre territoire du Perche l’éolien est un sujet sensible, du fait de la richesse de son patrimoine, de la dispersion de son implantation, et aussi de la beauté des paysages. Nous devons en tenir compte. Cependant, l’éolien fait parti des énergies  renouvelables reconnues, et nous ne pouvons  écarter ses potentiels. La transition énergétique est un enjeu environnemental majeur où, hélas, la France a pris un retard considérable. Si le Pays du Perche Ornais a pour objectif de couvrir d’ici à 2040 (Le Perche du 7 mars 2018), l’intégralité de notre consommation d’énergie par la production d’énergies renouvelables  (le Pays du Perche est un des lauréats d’un appel à projets de la région Normandie et de l’ADEME), il nous faut continuer à informer, mobiliser, faire bouger les consciences. Il en va de l’acceptabilité globale de l’éolien à l’heure où la PPE (programmations pluriannuelles de l’énergie) s’engage au doublement de leur nombre  d’ici 2030…

     

    Selon Christian Garnier, vice-président de FNE (Fédération Nationale de l’Environnement) : « Les engagements politiques pris en faveur de l’éolien doivent être tenus. Pour autant, FNE reste naturellement attentive aux éventuels impacts environnementaux des éoliennes (paysage, biodiversité, nuisances) et c’est pour cette raison que, dès l’origine du développement de cette filière en France, la fédération s’est fortement engagée pour un développement planifié et concerté refusant les implantations anarchiques.».

     

    En conséquence, notre association est plutôt favorable à l’éolien, sous certaines réserves. Il faut que le maître d’ouvrage soit attentif à respecter les conditions d’un projet acceptable et soutenable avec des mesures E.R.C. (Evaluer, Réduire, Compenser), avec des adaptations paysagères et notamment la plantation de haies. Nous pensons aussi qu’il serait tout à fait bénéfique que les populations locales soient associées aux réflexions. Des parcs éoliens portés par des citoyens, des associations où les populations participent même à leurs  financements, comme cela s’est fait à Beganne dans le Morbihan.

     

    Nous ne devons pas rester sur des oppositions systématiques, mais au contraire mener des réflexions avec des partenaires qualifiés, et être en capacité de faire des propositions de projets en prenant en compte les acteurs locaux et bien sûr les différentes contraintes. Ceux qui, sous couvert de la défense de l’environnement, s’opposent systématiquement au développement de l’éolien, devraient aussi s’intéresser aux impacts environnementaux graves des autres filières, à commencer par le nucléaire, dont ils sont parfois des partisans inconditionnels. Même la Tour Eiffel, monument emblématique de la France, était au départ fort peu appréciée des Parisiens… Pour autant, il ne s’agit pas de transformer le Perche en champ d’éoliennes ! Le paysage est certes un critère important, mais un critère relatif, et il ne saurait être le seul. Il n’est pas immuable, en ce sens qu’il est le résultat d’actions humaines ; à tout choisir vaut-il mieux un paysage évolutif avec des éoliennes ou un paysage fixe avec une centrale nucléaire…Et ses effets induits ? 


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  • Enfin, enfin, la vidéo tant attendue pour toutes celles et ceux qui préfèrent le blog à Facebook : la formidable conférence donnée par Hubert Reeves à Mortagne, à l'invitation de PAE. 


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