• La conférence de Marc Dufumier : une soirée inoubliable !

     

    Perche Avenir Environnement est une association au naturel optimiste, mais aucun de ses membres n’avait anticipé le succès de la conférence de l’ingénieur-chercheur agronome Marc Dufumier qui s’est tenue samedi 15 octobre à la salle des fêtes de Préaux du Perche. Le sujet – « Quelle agriculture pour demain » -   pouvait paraître un tantinet austère, pas du genre à mobiliser la foule… L’affluence a été massive : les estimations tournent entre 250 et 300 personnes présentes, et le débat qui a suivi la conférence a été des plus passionné ! Un grand merci à tous ceux qui y ont assisté, à ceux qui nous ont soutenu, notamment le maire de Préaux présent ce soir-là. Et bien sûr merci à Marc Dufumier pour son énergie, sa passion et son humour !  Retour sur une soirée mémorable. 

     

    Les premiers arrivés ont été les plus chanceux ! Non seulement ils ont pu tranquillement admirer l’exposition de David Commenchal, mais ils ont eu des places assises, eux ! Dix minutes avant le début de la conférence de Marc Dufumier, la salle des fêtes de Préaux du Perche affichait complet. Chaises et bancs d’appoint étaient pris d’assaut, les retardataires ont dû s’installer sur les tables prévues pour le pot final et les derniers arrivés – nombreux – sont restés debout.

     

     

    Un public nombreux et attentif

     

    Comment en est-on arrivés là ?

    Ce ne sont pas des conditions idéales pour suivre une conférence sur le thème « Quelle agriculture pour demain », mais cela en valait vraiment la peine : Marc Dufumier a été limpide, passionnant et passionné, brillant de bout en bout ! En bon scientifique adepte des raisonnements clairs et argumentés, il avait articulé sa conférence en deux parties. La première était une sorte de rappel de la manière dont les agronomes, avec la meilleure volonté du monde, au nom du rendement, de la prospérité et de la démocratisation alimentaire, ont appliqué les principes de l’industrie à l’agriculture. Ce qui a conduit à l’appauvrissement de la diversité des espèces cultivées, au recours massif à la chimie pour lutter contre des maladies et des ravageurs de plus en plus résistants, et engraisser des sols de plus en plus pauvres. Avec les résultats que l’on sait, mal-être chez les agriculteurs, malbouffe, destruction des écosystèmes, impact négatif sur la santé humaine, et on en passe. Cette agriculture et ses produits au rabais, non seulement nous coûte en réalité très cher –  Marc Dufumier a insisté là-dessus – mais ne pourra jamais non plus concurrencer celle des autres pays lancés dans cette voie. Toujours plus de mécanisation, de robotisation est une impasse économique, écologique et humaine, en témoigne l’érosion spectaculaire du nombre d’agriculteurs en France.

     

     

    Marc Dufumier en action

     

     La nature a la rescousse de la nature : l’agroécologie

    Il serait peut-être temps de passer à un autre type d’agriculture : l’agroécologie. La partie à la fois la plus technique et la plus fascinante de la conférence tant Marc Dufumier, avec une bonne dose d’humour et de malice, a su rendre limpides les principes de l’agroécologie. « Une agriculture intensive » s’est-il amusé à préciser, parce qu’elle utilise intensivement les ressources naturelles. Utiliser un maximum d’énergie solaire en pratiquant l’association des cultures de façon à en profiter le plus longtemps possible. Utiliser massivement les ressources propres du sol, le carbone par exemple, en cessant les labours qui l’appauvrissent en CO2. Le rendre plus poreux grâce à l’humus et aux vers de terre, l’enrichir en azote via des plantations de légumineuses – riches en protéines, donc excellentes pour notre alimentation – mobiliser ses minéraux via les arbres et leurs profondes racines, ou via un couvert de BRF, soit le « bois raméal fragmenté », résidu de broyage de branches et rameaux frais. L’agroécologie, ou la démonstration, virtuose et imparable, qu’un autre monde est possible, un monde où la nature sert la nature sans avoir à en passer par les produits artificiels.

    Une utopie ? Peut-être. Peut-être pas, si nous nous en donnons les moyens.

    Dans le vif du débat

    A la fin de sa conférence, Marc Dufumier s’est plié de bonne grâce au jeu des questions/ réponses. Venant d’horizons très variés, nombreux ont été ceux qui avait une question, parfois très pointue, à poser, une expérience à partager, ou qui voulait exprimer leurs doutes, voire leur désaccord. Il y avait là des agriculteurs conventionnels, des bios, des éducateurs, des syndicalistes, des citoyens engagés… Les échanges ont parfois été assez vifs même si toujours respectueux, parfois émouvants, comme cette agricultrice en difficulté qui demandait que faire, ou cet agriculteur qui racontait comment il est passé du conventionnel au bio parce qu’il en avait assez de faire du rendement sale.

     

     

     

     

     

     

    Le volet politique, que Marc Dufumier avait évacué lors de sa conférence, est revenu sur le tapis lors de ce débat très animé : l’agroécologie, c’est très beau mais comment mettre cela en pratique et, surtout, pouvoir en vivre ? Sans volonté politique, comment rendre le bio accessible à tous ? Ce à quoi Marc Dufumier a rétorqué que, sans la volonté des citoyens, le politique n’était rien. A ce propos, d’ailleurs… Il n'y avait pas beaucoup de représentants du peuple dans la salle ce soir-là. Le sénateur de l’Orne, Jean-Claude Lenoir, a décliné l'invitation de PAE; il lui aurait peut-être fallu s’expliquer devant plus de 300 personnes convaincues de la nécessité de passer à une autre agriculture pourquoi il avait voté « non » au projet de loi imposant 20% de produits bios dans les cantines scolaires (nous y reviendrons)…

     

    Le débat a pris fin vers 23 heures, il était temps de se désaltérer avec le jus de pomme de la Reinette Verte et de déguster les délicates bouchées et verrines de Fantine - Fantine en cuisine - aussi belles à la vue que délicieuses au palais. Un avant gout des futurs délices agroécologiques ? L’affluence, la qualité et la diversité du public, son implication, le soutien que nous avons reçu, tout montre que, contrairement aux idées reçues, la société, le monde rural se sent très concernée par ce sujet hautement sensible et qui, à priori, peut paraitre aride. Ce n’est pas encore le réel, mais ce n’est plus une utopie.

     

     Pour ceux qui n’ont pas pu y assister, la conférence de Marc Dufumier a été filmée, la vidéo - en deux parties - est disponible ICI

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